S’engager c’est être capable de faire des promesses petites et grandes en « gageant » une part de sa liberté (rendre l’argent emprunté, venir au rendez vous, être solidaire, servir sa patrie, sa famille, son client, être fidèle…).
Plus encore, c’est trouver le courage de donner de soi au delà de ses zones de confort, pour une cause que l’on croit juste, au risque de rencontrer l’adversité ou l’incompréhension.
Quand on pense à l’engagement des jeunes, on imagine que cela devrait aller de soi : de l’énergie à revendre, des idéaux altruistes, du temps disponible, le gout du risque, des têtes bien faites et tous les moyens de savoir à disposition. Pourtant qui n’a pas entendu dans l’entreprise, la famille, la vie politique déplorer le peu d’engagement volontaire de notre jeunesse ? Est-ce, comme on le présume volontiers, l’individualisme consumériste, le gout immodéré de la liberté, le désir d’être aimé ou la peur du lendemain qui inhibe les ardeurs militantes ? Où est-ce une question de formes aujourd’hui inadaptées, d’institutions qui ne font pas assez rêver ? Si l’ère numérique donnant accès à tous aux savoirs a brouillé les règles traditionnelles de la transmission d’une génération à l’autre, il s’agit dès lors pour les « anciens » de s’engager vraiment à aller les chercher ces jeunes qui nous manquent, là où ils sont, à leur faire une place de responsabilité effective et nécessaire, de leur laisser les commandes, sans jamais renoncer à en partager le sens.
Bernard Benattar
Philosophe du travail et directeur de l’institut européen de philosophie pratique
Membre du comité d’orientation de l’Observatoire de l’Engagement