Matinée de l’Observatoire à Toulouse – Les temps forts en images

Le jeudi 16 octobre 2025, près de 40 personnes ont participé à la matinée organisée par l’Observatoire, en partenariat avec Mews Partners & Osagan.

Présentation du Think Tank, restitution de la dernière étude, table-ronde, session de questions-réponses, atelier collaboratif… La rencontre a fait un tour d’horizon pour mieux comprendre les ressorts de l’engagement.

La matinée en images

Welcome et présentation de l’Observatoire par Fabienne Simon.
« Pour comprendre l’engagement, il faut s’intéresser aux 3 dimensions d’un même mouvement. Il y a d’abord une adhésion à un projet (avec la tête), une contribution à sa mise en œuvre (avec le corps) et une recommandation de l’entreprise (avec le cœur)  »
Questions – réponses
Thomas Bourlon et Sébastien Matty. Deux témoignages pour mieux appréhender l’engagement et poser un regard concret sur les leviers managériaux qui font la différence.
Un temps d’intelligence collective pour identifier les leviers et les freins d’engagement propres à un secteur.
Un atelier collaboratif sur les bonnes pratiques pour engager.
Un atelier collaboratif sur les bonnes pratiques pour engager.
L’équipe de l’Observatoire de l’Engagement. La matinée était animée par Fabienne Simon (Co-fondatrice de l’Observatoire et dirigeante de Osagan) et Geoffrey Carpentier (Co-fondateur de l’Observatoire et Managing Partner Mews Partners)

2025-10-25T09:47:58+00:00octobre 24th, 2025|

Matinée de l’Observatoire de l’Engagement 2025 à Toulouse

Matinée 2025

Une matinée organisée par l’Observatoire de l’engagement, en partenariat avec Mews Partners & Osagan

Repenser l’engagement au travail en 2025

Dans un contexte marqué par des discours alarmistes sur le désengagement, il devient essentiel de dépasser les simples indicateurs de mesure pour explorer les formes multiples et nuancées de l’engagement au travail.

En 2024, l’Observatoire de l’engagement a mené une étude approfondie, dressant un panorama inédit des profils d’engagement et des facteurs de désengagement. Ce travail met en lumière les dynamiques individuelles et organisationnelles qui influencent l’implication des collaborateurs.

Au programme  :

Présentation du panorama 2024
Typologies d’engagement, parcours de vie, signaux de désengagement : une mise en perspective essentielle pour mieux comprendre les ressorts de l’engagement.

Témoignages de managers de l’industrie
Comment développer une dynamique d’engagement durable avec ses collaborateurs, mais aussi avec ses partenaires et fournisseurs ?
Comment aborder la question des émotions dans une équipe, et en quoi leur reconnaissance peut renforcer, ou fragiliser, l’engagement collectif ?
Deux témoignages pour mieux appréhender l’engagement et poser un regard concret sur les leviers managériaux qui font la différence.

Atelier collaboratif
Un temps d’intelligence collective pour identifier ensemble les leviers et les freins d’engagement propres à votre secteur.

Cocktail déjeunatoire
Un moment convivial pour prolonger les échanges et nourrir les ambitions.

Cette matinée s’adresse à celles et ceux qui pilotent ou accompagnent les dynamiques humaines dans les organisations : managers, responsables RH, responsables formation/L&D, membres de change ou transformation office.

Où et quand ?

16 octobre 2025 – 10h30 – 13h30
Restaurant Sapiens –  55 av Louis Breguet
Toulouse

Avec la participation de

Thomas Bourlon
Head of Change & Communication
Airbus Supply Chain

Sébastien Matty
Président
GA Smart Building

Animé par

Fabienne Simon
Fondatrice et dirigeante
Osagan

Geoffrey Carpentier
Managing Partner
Mews Partners

2025-09-16T16:18:11+00:00septembre 16th, 2025|

7e Forum – Les temps forts en images

Le vendredi 29 novembre 2024, près de 100 personnes ont assisté au 7eForum de l’Observatoire sur le thème « Panorama des formes d’engagement et de désengagement au sein des organisations : typologie, histoires de vie, et facteurs clés de désengagement ».

Restitution de l’étude en avant-première, témoignages forts et inspirants, regard de DRH, mise en perspective… La rencontre du Think Tank a fait un tour d’horizon sur l’engagement au travail lors d’une matinale.

Le Forum de l’engagement en images

Welcome par les fondateurs de l’Observatoire de l’Engagement : Fabienne Simon, Daniel Baroin et Geoffrey Carpentier
En 2024, l’Observatoire de l’engagement a fêté ses 10 ans.
Restitution de l’étude « Panorama des formes d’engagement : focus sur ce qui désengage dans nos organisations » par Serge Perrot , Professeur à l’Université Paris Dauphine
Restitution de l’étude « Panorama des formes d’engagement : focus sur ce qui désengage dans nos organisations » par Lionel Garreau, Maître de Conférences à l’Université Paris Dauphine
Echo de l’international par Adèle Phung & Paul Tressens, Odyssée managériale
Questions – réponses
Témoignage inspirant en duo pour illustrer le vécu de l’engagement ou… du désengagement au travail par deux ex collaborateurs de Michelin
Jean-Michel Frixon, 43 ans de carrière en tant qu’ouvrier
Témoignage inspirant en duo pour illustrer le vécu de l’engagement ou… du désengagement au travail par deux ex collaborateurs de Michelin
Jean-Christophe Guérin, ex Directeur Industriel Groupe
Regard de DRH par Estelle Legrand, DRH Groupe Mersen – membre du Comité Exécutif
Regard de DRH par Laurent Nouri, VP Transformation Managériale, Groupe Mersen
Temps de mise en perspective et d’ouverture : la force de l’attention pour engager par Sophie Peters, spécialiste des relations au travail, coach et psychanalyste
L’équipe des fondateurs de l’Observatoire de l’engagement: Fabienne Simon, Daniel Baroin et Geoffrey Carpentier. Photos : © Vincent Boisot

2025-02-06T10:32:05+00:00février 6th, 2025|

Mise en perspective des enseignements du 7e Forum de l’Engagement

Le 29 novembre 2024, le 7e Forum de l’Observatoire sur le thème « Panorama des formes d’engagement et de désengagement » s’est terminé sur un temps d’ouverture. Sophie Peters, spécialiste des relations au travail, coach et psychanalyste, a mis en perspective les enseignements de l’étude et des éléments du débat.

Forum 2024

Je voudrais souligner en introduction l’aspect extrêmement novateur de cette nouvelle enquête menée par l’Observatoire de l’Engagement. A mon sens elle marque un tournant à plusieurs endroits dans notre façon de concevoir la notion d’engagement au travail. Et ce tournant s’accompagne de la transformation profonde que traverse nos sociétés occidentales sur le rapport au travail.

On note ainsi une exigence plus forte dans la qualité des relations humaines, un désir de bien faire son travail et de se montrer à la hauteur de sa tâche et de ses obligations morales. Tout en donnant au travail, c’est-à-dire à la tâche, une place un peu moins centrale dans la réalisation de soi.

A l’inverse une aversion se dessine très nettement envers des relations dégradées au travail, une véritable souffrance à devoir considérer le travail comme seul moyen de subsistance et/ou pour n’en retirer aucun signe de reconnaissance. C’est dire combien notre rapport au travail a gagné en valeur qualitative et c’est plutôt heureux car on sait que bien travailler, c’est bon pour la santé mentale. Encore faut-il que les ingrédients essentiels y soient réunis et c’est ce sur quoi nous alerte aussi cette matinée, pointant les axes à garder en vigilance ou vers lesquels se tourner.

1 – Le premier : ce n’est pas l’entreprise qui détient les clefs de la motivation

Avec l’émergence des théories du management, on a tellement conceptualisé la notion d’engagement que l’entreprise s’est crû détenir seule les clefs de la motivation de ses collaborateurs. Toutes les techniques d’incentive ont alors été inventé dans le début des années 2000, des plus farfelues aux plus rémunératrices. Faisant du même coup des êtres humains salariés presque des enfants, auxquels il s’agissait de donner ce qui convenait pour alimenter sans cesse leur motivation. Une forme de carotte et de bâton revisitée à l’aune du développement personnel, chaque consultant-coach détenant les clefs susceptibles d’augmenter la performance des collaborateurs. C’était faire des salariés des êtres passifs de l’intérieur, que seule la toute-puissance de l’entreprise pouvait nourrir. Avec le risque qu’ils deviennent tyranniques ou de plus en plus gourmand.

Adieu cette toute-puissance de l’organisation. Place à une humanité qui se déploie.

Les recherches académiques, mais aussi les demandes d’accompagnements, mettent aujourd’hui en évidence l’importance actuelle d’autres éléments d’engagement que sont par exemple le travail, les collègues, le manager, les clients, etc.. Faisant de l’engagement non pas un levier extérieur à actionner selon certains points, mais plutôt un mouvement inverse allant du plus profond de l’individu vers ces « objets » d’engagement, selon un trajet propre à chacun. Il s’agit désormais pour l’entreprise non plus de chercher à engager ses collaborateurs mais à comprendre ce vis-à-vis de quoi ils peuvent se sentir engagés ou désengagés. On a vu ce matin au travers de l’enquête que la notion de niveau global d’engagement n’est donc plus qu’une moyenne amenant une compréhension superficielle des choses. Place à la profondeur. Quelle bonne nouvelle, intensément plus respectueuse de ce qui se vit au travail.

2 – Le deuxième élément notoire c’est : A chacun son carburant de sens

Cela peut paraître évident une fois cet axiome posé, mais nous avons intensément besoin d’appréhender plus finement nos différences dans nos comportements, nos pensées ou nos émotions. Il en va de notre santé mentale. Il n’est donc plus question d’agiter les mêmes hochets pour maintenir l’adhésion des collaborateurs. La compréhension du  « pourquoi », et du « pour quoi »,  c’est-à-dire des « moteurs » de l’engagement devient essentielle. Ainsi l’enquête de l’observatoire montre que je peux être engagé vis-à-vis de mon entreprise parce que j’y ai intérêt, parce que j’aime mon entreprise ou encore parce que je ressens une forme d’obligation morale. Ainsi se dessine un aspect multidimensionnel du concept d’engagement qui le fait reposer sur plusieurs « objets » et plusieurs « moteurs ». Compte tenu de sa nature multidimensionnelle, il peut générer des situations dans lesquelles un individu serait faiblement engagé sur certaines dimensions et très engagé sur d’autres.

Comprendre les différentes formes d’engagement, au-delà du niveau d’engagement global, permet ainsi une compréhension plus fine de l’engagement, et des leviers d’action du management et de la fonction RH. Mais surtout de porter une attention au « contrat psychologique » évoqué ce matin, les projections du salarié, de ses attentes sur le métier ou sur son entreprise. Ce qui suppose de doter les managers d’une capacité d’écoute et d’échanges qui leur fait parfois beaucoup trop défaut. Trop éloignés des aspects simplement humains des relations, comme nous l’ont indiqué Jean-Christophe Guérin et Jean-Michel Frixon ce matin. On retiendra comme mantra à destination des managers « que le chef s’occupe de nous, nous nous occupons du reste »

3 – La qualité de l’engagement compte plus que la quantité

Le troisième axe découle du deuxième : cette multidimensionnalité nous amène à saisir que la qualité de l’engagement compte plus que la quantité

Dans cette perspective les RH et les cadres dirigeants ont une révolution humaine à mener pour considérer des aspects jusque-là négligés par les organisations. C’est-à-dire la dimension des qualités relationnelles, de la bientraitance, des échanges verbaux plus informels, une façon de concevoir le collectif de travail non pas comme une équipe qui doit seulement performer, mais comme une équipe de bâtisseurs. Non pas des joueurs de football qui sont ensemble pour marquer des points mais plutôt des musiciens experts de leur instrument jouant chacun sa partition du mieux possible au service d’une harmonie d’ensemble, et produisant ainsi le plus beau des sons. Je vous renvoie pour ceux et celles qui ne connaissent pas ses travaux à Olivier Hamant, biologiste, chercheur à l’INRAE, qui nous enjoint de favoriser plus la robustesse que la performance et nous propose de saisir la toxicité des systèmes à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines, axées exclusivement sur le champ de la performance, et ce faisant déshumanisant.

4 – la nature de l’engagement est plus relationnelle que matérielle

Le premier moteur d’engagement en 2024 reste ce que nous avons de plus vivant en nous : les affects. Est-ce si étonnant ? On avait sans doute oublié que l’ambiance de travail, les liens avec d’autres personnes, qu’il s’agisse du manager, de l’équipe, ou des clients priment sur toute autre considération dans la façon de bien vivre son travail. Il suffit de se rappeler combien d’heures nous y passons dans une vie active pour y voir une évidence. Les sujets d’entraide et de confiance se retrouvent dans de nombreux autres entretiens, comme autant de preuves de relations humaines porteuses d’engagement.

Ainsi, avoir un relationnel riche dans son travail semble primordial pour la population active actuelle : être entouré de pairs avec qui échanger amicalement, pouvoir échanger avec des clients ou partenaires de manière constructive, ou avoir des collaborateurs ou des managers avec lesquels la relations est sereine, etc. est au cœur de l’engagement des salariés

D’où la notion du collectif qui revient en force et qui aide à donner du sens à un travail qui en a beaucoup perdu. C’est moins ce que l’on fait qui compte que ce que nous vivons, échangeons, éprouvons au contact des autres.

Quant aux plus individualistes, les pragmatiques qui aiment sincèrement leur travail, la notion d’engagement ne correspond pas à l’idée d’en faire plus, mais plutôt de faire bien ce pour quoi ils sont payés.

Tout ceci montre un rapport au travail en pleine évolution, où la fonction comme le métier ne constituent plus vraiment le centre de la réalisation de soi.

5 – Les facteurs de désengagements font le lit d’une souffrance au travail qui ne dit pas son nom

Dans cette perspective, on découvre que les facteurs de désengagements font le lit d’une souffrance au travail qui ne dit pas son nom

  • –  La perte de sens au travail
  • –  Les facteurs relationnels et managériaux
  • –  Les « désordres organisationnels »
  • –  Les facteurs d’(in)attractivité de la profession, manque de reconnaissance et d’équité

Autant d’éléments directement liés aux éléments pointés qui se combinent dans les études sur les RPS et le burnout.

Le « pilotage » de l’engagement consiste avant tout à ne pas désengager les salariés. Les facteurs de désengagement sont à cet égard éclairant : « piloter » l’engagement devrait consister à s’intéresser au travail réel et au contexte organisationnel, culturel, économique, etc. dans lequel il se situe. Mais aussi à tout élément susceptible d’engendrer une fatigue émotionnelle (l’infirmière citée tout à l’heure par Serge et Lionel aurait eu « juste » besoin que son ou sa manager lui témoigne un peu de soutien, un geste amical, dans ce moment difficile).

C’est plutôt une vision systémique qui s’impose, dans laquelle le problème est souvent la solution : autrement dit la volonté de motiver les équipes, le fait de vouloir contrôler leur engagement empêchent les collaborateurs de trouver en eux-mêmes leur motivation intrinsèque dont on sait qu’elle est la plus puissante, mais aussi le sens de leur action.

Attention à ne pas chercher les causes de toutes choses au lieu du sens qui reste lié à la liberté de notre interprétation. Trouver un sens c’est interpréter. C’est un exercice de notre personnalité dans lequel il s’agit de s’interroger sur nos intentions et nos actes. Trouver une cause c’est expliquer. Mener un travail qui a du sens, c’est chercher à comprendre ce qui nous mobilise et utiliser cette compréhension pour construire ses pensées et ses actions. Travailler, dit Yves Clot, professeur au laboratoire de psychologie du travail du CNAM, c’est avoir le loisir de penser. Au bémol près que les conditions dans lesquelles s’effectue le travail dans nombre d’entreprises ne permet justement plus de le penser, ni du coup de se penser. Car en multipliant des objectifs souvent trop chiffrés et parfois dénués de sens, le travail détourne l’énergie de l’être pour l’amener à être uniquement dans le « faire ». Pour preuve, à une personne que nous rencontrons, nous demandons souvent « ce qu’elle fait dans la vie » en entendant pas là son métier, comme si ce que nous faisions dans la vie consistait non pas à « vivre » mais à posséder une identité sociale. Or, un vécu ne vaut que parce qu’il fait sens dans le for intérieur de celui qui l’éprouve, bien plus que le sens supposé qu’il donne à voir aux autres, de l’extérieur.
En ce sens, chacun se doit de penser la dialectique 
qu’il entretient plus ou moins consciemment avec le travail en général – représentation qui s’impose 
de l’extérieur de soi – et son travail en particulier – 
vécu qui s’épanouit de l’intérieur de soi.

6 – L’engagement est un véritable facteur de bien-être au travail, si ce n’est le premier des facteurs

Elément essentiel du travail : l’humain. Si cet aspect n’est pas radicalement innovant, c’est le poids de l’élément relationnel qui est à considérer. Plus que le développement de ce qu’on a appelé les soft skills, il s’agit de prêter attention à la qualité du relationnel plus qu’aux qualités supposées ou affichées des managers.

L’importance affirmée du relationnel n’est donc pas une simple affaire de « team building », coaching, ou autres approches qui n’agissent pas (ou peu) sur les causes du problème. On peut certes également travailler à développer l’intelligence émotionnelle et s’appuyer sur des approches comme la communication non violente. Mais la qualité́ des relations interpersonnelles est aussi le produit d’un modèle d’organisation. « Donne à l’homme un environnement qualitatif et il saura bien se développer », pourrait être une ligne à suivre.

Ainsi, le sujet de l’engagement relève dans une large mesure du choix d’un modèle d’organisation et de management, et on réalise aujourd’hui le poids des facteurs de désengagement comme la bureaucratisation excessive, le manque d’autonomie et l’excès de contrôle, etc. qualifiés grâce à l’étude de l’observatoire, nommés à juste titre de « désordres organisationnels ». Je vous renvoie à ce sujet à l’excellent livre de François Dupuy évoqué ce matin « lost in management »

L’enjeu est donc de limiter les frictions entre, d’une part, les fondements de l’engagement et, d’autre part, le modèle d’organisation et de management. A titre d’exemple, on pressent aisément qu’un excès de process, de reporting, de bureaucratisation viendront saper les fondements de l’engagement des salariés, tout comme l’absence de moyens de bien réaliser leur mission.

Le management par le plaisir doit aussi devenir une responsabilité partagée entre managers et collaborateurs. C’est un travail d’équipe qui sous-tend cette capacité à exprimer des ressentis, des émotions face à des activités enrichissantes et valorisantes. Et c’est au manager, appuyé par la RH, qu’il appartient de créer cet espace d’échanges et de discussion. Une sorte de philosophie du plaisir de travailler. On retiendra ainsi de cette matinée l’exemple Maorie présenté par Adèle et Paul de l’Odyssée managériale avec une approche holistique de l’engagement. Ils ont compris combien cette notion que l’on peut rapprocher du vivre ensemble est vitale pour notre santé mentale. Dans mes interventions sur les RPS j’alerte les salariés sur les dangers de l’isolement et l’absence de partage autour de leurs vécus et de leurs émotions, qui sont les deux grands éléments de souffrance au travail mais aussi dans nos vies privées. Alors merci à Jean-Michel Frixon d’avoir témoigné des ravages de l’isolement et de l’importance des simples échanges. En mettant votre parcours en mots vous avez créé des liens et du partage, la preuve ce matin. Et vous nous avez rappelé l’importance du contact humain et les dégâts des personnes toxiques au travail.

Car si l’on oublie ce que nous nous sommes dit, ou ce que nous avons fait ensemble, jamais nous n’oublions comment nous nous sentons en présence de l’autre. En ce sens le plaisir au travail est enregistré dans notre cerveau émotionnel et non pas dans celui de l’intellect. C’est à travers ce vécu « vivant » que se développent les talents et la performance et non dans un bien- être de circonstance. Concilier performance économique et épanouissement personnel n’est donc pas contradictoire à la condition de ne pas faire l’impasse sur l’intérêt que l’on porte aux personnes comme nous l’a dit Jean-Michel Frixon. Et donc l’impact d’un bon ou mauvais chef comme nous l’a raconté Jean-Christophe Guérin. 20% d’écart de performance sans compter l’impact de la souffrance au travail sur la santé du collaborateur. Là encore il y a une notion d’écologie à développer autour de la santé mentale.

Par quel moyen ? la réponse, le groupe Mersen nous l’a évoquée : Avoir le goût de travailler à son propre développement humain de manager. Par l’écoute et l’exemplarité.  L’écoute, c’est quoi ? une écoute qui prend authentiquement le risque d’entendre et de comprendre : celui de découvrir par la parole de l’autre des dimensions de la réalité jusque-là ignorées, qui une fois entendues, et assimilées, peuvent déstabiliser les analyses, les convictions et les croyances sur lesquelles celui qui écoute a fondé sa vision du monde.

Entendre la parole de l’autre implique un état d’esprit. Cela suppose donc d’admettre qu’on ignore ce qui va sortir de la discussion, d’admettre qu’on ne sait pas à l’avance, pour aller seulement à la découverte de l’inconnu comme un explorateur. Entendre suppose d’assurer le risque de n’être plus le même que celui qu’on était avant d’avoir entendu, c’est-à-dire d’être bouleversé par la parole de l’autre. Comme certains d’entre nous ce matin à l’écoute de la parole de Jean-Michel Frixon.

Encore faut-il supporter un dernier risque pour pouvoir entendre : accepter aussi de ne pas tout comprendre et de ne pas tout entendre, non seulement dans l’immédiat, mais peut-être aussi dans le long terme, c’est-à-dire accepter que des zones d’ombre résistent à la connaissance.

Comme le dit la philosophe Cynthia Fleury sur le travail :   « Être agent, exister, c’est faire lien avec l’autre, c’est porter l’existence de tous comme un enjeu propre. L’homme se fait. Se faire c’est se former, c’est prendre soin de. Et le travail ne se résume pas à une tâche gestionnaire. Il est préalablement – et devrait être en dernière instance- un mode d’attention aux choses et aux usages. Être au monde est indissociable du travail, au sens où l’homme érige son humanité en façonnant le monde ».

En Conclusion …Pour les dix ans de l’observatoire de l’engagement (7e forum), voici une belle maturité qui émerge autour de ce sujet. Que nous propose-t-elle cette maturité ?

De renoncer à un monde parfait pour lui préférer un monde meilleur. Le premier est figé et comptable. Il ne voit que les quantités et cache les misères sous le tapis. Le second est en mouvement et généreux. Il fait de chaque élément un espoir vers du plus heureux et du plus respectueux. Bref il y a dans tout ce que vous avez partagé ce matin quelque chose de plus écologique qui se dessine dans le rapport au travail, parce que tout simplement plus respectueux de la véritable nature humaine, tant physique que psychique. On peut enfin mesurer qu’une relation humaine authentique au travail responsabilise plus sûrement les individus, que la parole partagée autour du comment faire bien son travail engage naturellement, et surtout que les comportements toxiques sont les plus pourvoyeurs de désengagement. Il y a de l’ouverture dans cette matinée, celle des esprits et oserai-je dire ici peut-être un peu aussi celle des cœurs.

Photos : © Vincent Boisot

2024-12-06T10:34:40+00:00décembre 6th, 2024|

7e Forum – Panorama des formes d’engagement et de désengagement

Le vendredi 29 novembre 2024, près de 100 personnes ont assisté au 7eForum de l’Observatoire sur le thème « Panorama des formes d’engagement et de désengagement au sein des organisations : typologie, histoires de vie, et facteurs clés de désengagement ».

Restitution de l’étude en avant-première, témoignages forts et inspirants, regard de DRH, mise en perspective… La rencontre du Think Tank a fait un tour d’horizon sur l’engagement au travail lors d’une matinale.

Le résultat de l’étude

L’Observatoire de l’Engagement a pour mission de favoriser les échanges entre les acteurs du monde de l’entreprise, de la recherche, des institutions et de suivre les évolutions et les attentes sur ce thème qui s‘étend au delà des politiques de ressources humaines.

Les études et les ressources sont mises à la disposition de tous les acteurs : entreprises, étudiants, enseignants, acteurs de la formation, institutions…

Huitième publication de l’Observatoire de l’Engagement, ce rapport aborde les différentes formes d’engagement et de désengagement dans le monde de l’entreprise : l’accélération des changements, le cumul des crises, les évolutions sociétales, le bouleversement de la relation et des modes de travail…

Pour citer cette étude :
Panorama des formes d’engagement et de désengagement au sein des organisations : typologie, histoires de vie, et facteurs clés de désengagement. Publication de l’Observatoire de l’Engagement dans le cadre d’un contrat de recherche avec l’Université Paris-Dauphine.

Synthèse de la présentation du 29 novembre 2024 « Panorama des formes d’engagement et de désengagement au sein des organisations : typologie, histoires de vie, et facteurs clés de désengagement »

Pour citer cette étude :
Panorama des formes d’engagement et de désengagement au sein des organisations : typologie, histoires de vie, et facteurs clés de désengagement. Publication de l’Observatoire de l’Engagement dans le cadre d’un contrat de recherche avec l’Université Paris-Dauphine.

2024-11-29T12:31:00+00:00novembre 29th, 2024|

Forum de l’Observatoire de l’Engagement 2024

Forum 2022

Chaque année, L’Observatoire organise une grande rencontre sur le thème de l’Engagement et pilote une étude avec l’Université de Paris-Dauphine pour observer les regards et les pratiques d’entreprises.

Un tour d’horizon sur l’engagement au travail lors d’une matinale

Au programme  :

8h30 : Accueil café

9h15 : Ouverture du Forum

  • Welcome par les fondateurs de l’Observatoire de l’Engagement : Fabienne Simon, Daniel Baroin et Geoffrey Carpentier

 

  • Restitution de l’étude « Panorama des formes d’engagement : focus sur ce qui désengage dans nos organisations »

Panorama de l’engagement dans le monde de l’entreprise : l’accélération des changements, le cumul des crises, les évolutions sociétales, le bouleversement de la relation et des modes de travail… rendent complexes les formes d’engagement et de désengagement… quelles sont les clés aujourd’hui pour ne pas désengager les salariés.

Présentation par Serge Perrot , Professeur et Lionel Garreau, Maître de Conférences à l’Université Paris Dauphine

 

  • Echo de l’international par Adèle Phung & Paul Tressens, Odyssée managériale

Témoignage inspirant en duo pour illustrer le vécu de l’engagement ou… du désengagement au travail par deux ex collaborateurs de Michelin
Jean-Michel Frixon, 43 ans de carrière en tant qu’ouvrier
Jean-Christophe Guérin, ex Directeur Industriel Groupe

 

  • Regard de DRH

par Estelle Legrand, DRH Groupe Mersen – membre du Comité Exécutif
& Laurent Nouri, VP Transformation Managériale, Groupe Mersen

 

  • Temps de mise en perspective et d’ouverture : la force de l’attention pour engager par Sophie Peters, spécialiste des relations au travail, coach et psychanalyste

 

12h30 : Clôture du Forum

Où et quand ?

Vendredi 29 novembre 2024
09:00 – 12:30
Université Paris Dauphine-PSL
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny 75016 Paris

2024-10-15T16:20:44+00:00octobre 6th, 2024|

Mise en perspective des enseignements du 6e Forum de l’Engagement

Le 15 novembre 2022, le 6eForum de l’Observatoire sur le thème « Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ? » s’est terminé sur un temps d’ouverture. Sophie Peters, éditorialiste – spécialiste des relations au travail et psychanalyste, a mis en perspective les enseignements des enquêtes et des éléments du débat.

Forum 2022

En apparence ces enquêtes présentent des éléments positifs comme souligné par Fabienne Simon, cofondatrice de l’Observatoire de l’Engagement. Mais en creux des enseignements fort intéressants laissent apparaître des points de vigilance. J’en ai relevé 10 sur lesquels j’aimerai revenir et apporter un éclairage.

1 – La prédominance du petit collectif

Moins de sentiment d’appartenance au grand collectif, le petit collectif occupant tout l’espace de la relation psychique. 83% se sentent appartenir à leur petite équipe. Il y a là un danger de perte de vision de l’ensemble. D’autant que la frontière s’amenuise entre les espaces de vie avec le télétravail. Il y a dans cet engagement, non pas du chacun pour soi, mais du chacun pour ses plus proches, comme un rétrécissement du monde. L’horizon se rétrécissant, l’engagement reste soumis à des aléas quasi émotionnels et fluctuants avec une fatigue psychique et mentale grandissante. Fatigue qui est une conséquence de cet engagement fort des managers sans soutien d’une direction pas suffisamment présente auprès d’eux et d’une absence de gouvernance porteuse. Les managers ont beaucoup porté sur leurs épaules, c’est aujourd’hui que les RPS sont sans doute un point de grande vigilance pour les RH.

2 – La place du travail dans nos vies

La revanche des seniors face à leurs enfants pour lesquels la place du travail n’est plus aussi essentielle et prioritaire qu’elle l’était pour eux : en 1990 « le travail est important dans ma vie » était vrai pour 60% des gens, en 2022, 22%. Face à cette place de second plan, la valeur travail se perd auprès des plus jeunes. En quoi est-ce un danger pour nos sociétés ? J’y vois un danger pour l’équilibre psychique des plus jeunes mais aussi de la société dans son ensemble. Pourquoi ? Parce que L’addiction explose quand les individus s’ennuient et qu’ils n’arrivent plus à donner du sens à leur vie. Ils s’étourdissent en cherchant uniquement le plaisir. Une société qui leur a dit que la quête du bonheur devait être leur véritable enjeu de vie n’a rien de salvateur. Le travail propose de contribuer à un projet d’ensemble. En cela c’est porteur d’enthousiasme et chacun y a sa place. L’entreprise et les dirigeants ont donc de ce fait une responsabilité dans le fait de redonner au travail sa place noble.

3 – L’urgence de revaloriser les métiers

La notion de réussite est en train de changer face au besoin d’une vie plus équilibrée chez les jeunes générations. Les entreprises ont intérêt à plus valoriser leur métier et leur savoir-faire et faire parler du travail, ce qu’elles font réellement au quotidien dans leur activité. Au lieu de nourrir le collectif à coup d’afterworks, mieux vaudrait mettre l’accent sur la coordination, la collaboration , un collectif utile dans le travail. D’autant que l’enquête montre une meilleure souplesse et facilité dans le dialogue et qu’il y a une grande implication dans les équipes de travail. Les communautés de travail créées pendant la Covid peuvent être un terreau intéressant à travailler en RH. Mais aussi, ce qui a été dit dans le débat, la revalorisation de l’expertise, où l’honneur du « travail bien fait » peut retrouver sa place.

4 – Le besoin d’authenticité

La disparition frontière vie pro, vie perso, avec ce désir d’être soi au travail. Cette notion d’être soi qui a été abordé dans l’enquête qualitative, reste à définir…dont l’aspect vestimentaire est la partie immergée de l’iceberg. Et si cette quête était le signe d’un besoin de plus d’authenticité ? Avec un vocabulaire moins novlangue et une façon de parler des métiers et fonctions plus ancrées dans le réel on pourrait commencer par mieux nourrir ce besoin d’authenticité.

5 – Un travail qui a du sens

L’inversion de la subordination qui a été soulignée ce matin, les salariés devenant les patrons, n’est que la conséquence de l’immense entreprise de séduction des employés au travers d’une promesse sociale, dont a parlé Edwige Duterrage Baudin – Directrice des Relations Sociales chez Ikea France – qui arrive sans doute à son terme, ou plutôt devrait arriver à son terme. L’élite cherche à séduire la base, les entreprises ses salariés, les parents leurs enfants, les gouvernants, les citoyens. Or la question de la séduction est biaisée car elle crée une escalade du toujours plus. Et surtout elle contribue paradoxalement à discréditer les paroles d’expert. Le populisme peut lui aussi gagner demain la sphère de l’entreprise quand la parole des collègues aura plus de crédit que celle de la direction. La question n’est donc pas tant de répondre aux attentes individuelles -qui augmente l’individualisme- mais de savoir proposer un travail qui a du sens, donner les moyens de le réaliser, et de prêter attention à la qualité de la relation, d’une expérience collaborateur réussie. Travailler à les rendre fiers. La question de qu’est-ce qu’on aime faire dans son travail est gage de responsabilité et d’autonomie. En parallèle, ce qui permet de souder un collectif, c’est de s’adresser à une logique collective, d’assumer pleinement que si l’individu ne s’y retrouve pas, il peut avoir du sens et de la fierté d’être au service du collectif.

6 – Un rapport à la réalité bouleversé

La montée de l’individualisme apparait à mon sens comme une protection psychique, un rempart contre la déception, ce qui n’est pas paradoxal avec un besoin fort d’un collectif soutenant. Freud écrivait il y a un siècle : »en reconnaissant l’importance du travail, on contribue, mieux que par toute autre technique de vie, à resserrer les liens entre la réalité et l’individu ; celui-ci en effet, dans son travail, est solidement attaché à une partie de la réalité ». Or c’est sans doute cette réalité qui se trouve aujourd’hui totalement bouleversée. C’est elle qui n’est pas suffisamment nommée et qui nuit au sens au travail. « Quand le patron descend à la cave » pour reprendre la formule de Franck Coste, il donne en fait au travail une réalité par sa présence. L’autre façon de redonner sa place au réel, c’est aussi réduire la temporalité des projets comme le propose également Franck Coste, CEO chez Champagne Chanoine Frères – Groupe Lanson BC.

7 – La désarticulation entre travail et emploi

Un défi organisationnel apparaît nettement au travers des désengagés et du modèle de l’équilibriste. Ce qui ne fonctionne plus c’est la désarticulation entre travail et emploi : il est désormais possible de détester son travail tout en étant à tout prix attaché à son emploi et inversement. Ce qui signe un rapport utilitariste au travail. Les collaborateurs devenant consommateurs de leur emploi. Le fait que les décisions soient prises par un corps étroit avec mise à distance des autres élites produisent probablement cet effet. On pourrait aussi ici faire référence à la façon dont le travail a perdu son sens à l’hôpital par exemple. C’est empêcher le travail que de faire vivre les individus sous une pression constante, à nous transformer en clients les uns des autres, à nous enchaîner à l’obsession de la rentabilité, du chiffre d’affaires, des statistiques.

8 – Un rapport au temps devenu essentiel

Le télétravail facilite le travail d’équipe. Sans doute que de se retrouver plus en autonomie depuis chez soi avec la Covid, a permis de faire ressentir le plaisir de travailler. Aimer ce que l’on fait et le percevoir comme utile aboutit à un sentiment d’équilibre. Tout comme assumer l’usage que l’on fait de son temps, réaliser quelque chose sur une base quotidienne, et avoir le sentiment de contrôler son temps, sous-tendent la satisfaction ressentie par rapport à l’usage du temps. La satisfaction subjective par rapport à l’usage du temps est en train de devenir l’un des prédicteurs de bien-être les plus importants. Reste à s’intéresser de la part des entreprises comme des salariés aux éléments non plus comptables du temps de travail et de loisirs (ratio d’heures), mais à leurs éléments subjectifs et au sentiment d’une distribution bénéfique entre ces sphères. Que ce soit pour réaliser un travail ou s’adonner à des loisirs, il s’agit de permettre -et de se permettre- d’avoir le sentiment de disposer de suffisamment de temps. La pénurie de temps étant à coup sûr l’un des facteurs les plus réducteurs du niveau de bien-être.

9 – Le travail, une façon d’être ensemble

La question du sens est portée par le projet d’entreprise. L’être humain est un être de sens. On cherche tous un travail qui a du sens mais nous avons aussi du sens à donner à notre travail et la valeur qu’il occupe dans nos vies.  Réconcilier le collectif et l’individu, c’est redonner sa place au travail, ne pas le cantonner à être un gros mot, en faire le centre des échanges. Le travail, ce n’est pas seulement de la performance, ni des résultats, notions qui ne sont pas à l’origine historique du travail. Le travail, psychiquement, c’est une façon d’être ensemble, d’avoir un projet. Autrement dit, il est urgent de remettre au cœur de nos sociétés l’intérêt pour le travail. Or paradoxe terrible : en dehors de processus contraint les individus n’ont souvent pas le sentiment de travailler. Combien d’artistes s’entendent souvent dire que leur métier n’est pas du travail ! Comme si le sens du travail se trouvait uniquement dans celui de gagner de l’argent, bref dans la douleur et la sueur ! Si on considère le travail de façon péjorative comme un sacrifice on a tendance à aggraver la situation. Or tous nous savons que nous ne travaillons pas seulement pour de l’argent. Nous travaillons pour obtenir notre reconnaissance au sein d’une communauté. Pour paraphraser Marx, on pourrait dire que les hommes font le travail -l’histoire- mais ne savent pas qu’ils le -la- font.

10 – Le véritable intérêt du travail

Notre appétit de psychologie et développement personnel trouve aujourd’hui ses limites. A trop s’interroger sur nous-mêmes, à trop vouloir « ranger » ses congénères dans des cadres de personnalités bien définis, à trop vouloir nourrir son propre besoin, on perd de vue le véritable intérêt du travail. On en oublie combien l’interaction, la relation nous en dit bien plus long sur nous-mêmes que tous les manuels de psy. Car il n’est de conscience de soi que dans la relation aux autres. Et le travail est le lieu par excellence où la confrontation à l’autre a lieu. On en fait tous les jours, et parfois même difficilement, l’expérience, entre collègues ou dans les relations managériales. Notre subjectivité se construit aussi à cette occasion en se confrontant aux obstacles ou aux épreuves qui vont la transformer. Ce que Frank Coste a nommé toute à l’heure par la formule : « pas de prise de conscience sans choc émotionnel ». Dans la « dialectique du maître et de l’esclave », Hegel nous explique que, « l’existence d’autrui est indispensable à l’existence de ma conscience comme conscience de soi ». La connaissance de soi requiert donc la reconnaissance de soi par l’autre. La conscience va ensuite prendre conscience d’elle-même. Elle ne saurait le faire efficacement par l’introspection mais plutôt par l’action. Le travail pour Hegel est anthropogène c’est à dire qu’il fait de nous des humains. Mais pas seulement. Dans le travail, il y a ce désir d’être reconnu par un autre. Et d’y trouver, voire de s’y prouver, sa valeur. Ce qui rejoint la thèse de Kant selon lequel, il est indispensable de travailler pour parvenir à l’estime de soi.

En conclusion, je dirai qu’il y a comme une urgence à se saisir de ce sujet comme un enjeu de société.

L’entreprise ne produit pas de la réussite si elle ne produit pas de la coopération, de la conscience de soi à travers la conscience de l’autre. Car ce que nous avons à « réussir » c’est un monde où se réalise la conscience de notre altérité pour plus de solidarité et de bienveillance entre les hommes. Un monde où le travail n’est pas seulement considéré en termes de salaires ou de gains, en termes de réussite sociale ou de carte de visite mais aussi et surtout de dignité et de fierté d’être à plusieurs responsables d’un « bel ouvrage ».

Je voudrai conclure cette matinée avec les mots de Boris Cyrulnik « Le laboureur et les mangeurs de vent, liberté intérieure et confortable servitude » paru chez Odile Jacob :
« Comment vivrait-on sans engagement ? Nous serions des âmes errantes emportées par le vent des idées, sans but, sans rêves à réaliser. Notre existence n’aurait pas de sens, pas d’émotions, pas de plaisir ou de désespoir à vivre. Ce serait le bonheur des calmes plats, le sentiment de ne pas vivre ».

Merci.

Photos : © Vincent Boisot

2022-12-11T15:03:19+00:00décembre 1st, 2022|

6e Forum – Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ?

Le mardi 15 novembre 2022, près de 130 personnes ont assisté au 6eForum de l’Observatoire sur le thème « Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ? ». Résultats des études, questions-réponses, table ronde et regards croisés… La rencontre du Think Tank sur l’Engagement au travail a exploré le management du collectif dans un contexte de montée de l’individualisme.

Les temps forts du Forum en images

Welcome par El-Mouhoub Mouhoud. Président de l’Université de Paris Dauphine.
Présentation des résultats de l’étude quantitative par Stéphane Lefebvre-Mazurel. Directeur Général Adjoint, Opinion Way.
Présentation des résultats de l’étude qualitative par Serge Perrot, Professeur & Lionel Garreau, Maître de Conférences à l’Université Paris Dauphine
Questions – Réponses
Table ronde de partage de pratiques inspirantes en entreprises. Échanges animés par Gaëlle Copienne, journaliste.
Table ronde avec, de gauche à droite, Karen Jequier, Partner en charge de l’offre People experience chez One Point. Edwige Duterrage Baudin, Directrice des Relations Sociales chez Ikea France. Franck Coste, CEO chez Champagne Chanoine Frères – Groupe Lanson BC. Gaëlle Copienne, journaliste.
Un temps de mise en perspective et d’ouverture par Sophie Peters, éditorialiste – spécialiste des relations au travail et psychanalyste
L’équipe de l’Observatoire de l’Engagement : Serge Perrot, Fabienne Simon, Lionel Garreau, Stéphane Lefebvre-Mazurel, Daniel Baroin et Geoffrey Carpentier. Photos : © Vincent Boisot

Le résultat des études

L’Observatoire de l’Engagement a pour mission de favoriser les échanges entre les acteurs du monde de l’entreprise, de la recherche, des institutions et de suivre les évolutions et les attentes sur ce thème qui s‘étend au delà des politiques de ressources humaines.

Les études et les ressources sont mises à la disposition de tous les acteurs : entreprises, étudiants, enseignants, acteurs de la formation, institutions…

Septième publication de l’Observatoire de l’Engagement, sur le thème du management du collectif dans un contexte de montée de l’individualisme. Ce volet qualitatif de l’étude 2022 présente les résultats de l’analyse de 23 entretiens réalisés par Serge Perrot, Lionel Garreau, Daniel Baroin, Geoffrey Carpentier et Fabienne Simon.

Pour citer cette étude :
Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ? Publication de l’Observatoire de l’Engagement dans le cadre d’un contrat de recherche avec l’Université Paris-Dauphine.

A l’heure de la période post Covid, de l’évolution des modes de travail, des attentes des salariés vis à vis de leur employeur et
du travail : Quelles sont aujourd’hui les perceptions des salariés sur l’engagement ? leur rapport au collectif dans l’entreprise ? L’enquête menée par OpinionWay pour l’Observatoire de l’Engagement explore les tendances et impacts en matière d’engagement au travail.

Pour citer cette étude :
Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ? Sondage OpinionWay pour l’observatoire de l’engagement

2023-10-05T10:10:04+00:00novembre 17th, 2022|

Forum de l’Observatoire de l’Engagement 2022

Forum 2022

Chaque année, L’Observatoire organise une grande rencontre sur le thème de l’Engagement et pilote une étude, en collaboration avec OpinionWay et l’Université de Paris-Dauphine, pour observer les regards et les pratiques d’entreprises.

Peut-on encore agir en collectif à l’ère de l’individu roi ?

Au programme du 6ème Forum :
> Restitution en avant-première de l’étude réalisée auprès d’une vingtaine d’organisations inspirantes et d’un panel de salariés
> Témoignages d’entreprises et table ronde
> Buffet déjeunatoire pour poursuivre les échanges

Où et quand ?

Mardi 15 novembre 2022
09:00 – 12:00
Université Paris Dauphine-PSL
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny 75016 Paris

2022-11-13T08:41:39+00:00octobre 2nd, 2022|

L’engagement à l’heure du Covid – Compte rendu du Webinaire

Comment maintenir sens, lien social et mobilisation collective ?
Interview, témoignages , partages d’expériences, échanges… Jeudi 8 octobre 2020, Fabienne Simon et Geoffrey Carpentier ont animé un webinaire consacré à l’engagement dans le contexte du Covid.

La synthèse des échanges avec Emmanuelle Germani, DRH/DSI Kaporal et Franck Coste, CEO groupe Chanoine Frères avec Fabienne Simon et Geoffrey Carpentier, Observatoire de l’engagement.

4 grands thèmes se dégagent des échanges :
1. Un sentiment général d’inquiétude, dans un contexte d’incertitude générique. Dans ce contexte la clarté de la communication et le professionnalisme des top managers rassurent les collaborateurs. Il est nécessaire de véhiculer des informations plutôt positives tout en restant honnête et transparent. La notion de confiance réciproque est importante*.

2. L’identification de mouvements d’innovation spontanée. La contrainte rend certains choses possibles alors qu’elles étaient impensables auparavant. La contrainte amène une créativité qui n’existe pas en temps normal. Cela génère des innovations tant au niveau des modes de travail, de l’organisation des process de travail, qu’au niveau du business model de l’entreprise.

3. Les facteurs d’engagement – les nombreux exemples apportés permettent d’identifier certains facteurs favorisant l’engagement :
• La culture d’entreprise, favorisant un engagement normatif envers l’entreprise : les collaborateurs s’engagent envers l’entreprise parce qu’ils se sentent redevables envers elle ou envers les propriétaires familiaux de l’entreprise ;
• La cohérence globale de l’équipe dirigeante dans la démarche de réponse à la crise ;
• La communication claire pour convaincre les collaborateurs et démontrer que les pratiques fonctionnent ;
• Le fait de prendre soin des collaborateurs de façon sincère, avant de regarder les éléments financiers ;
• L’exemplarité du dirigeant et le maintien de la proximité (salutations, se tenir aux côtés des collaborateurs)

4. Alors que le niveau e mobilisation est très fort en cette période de crise, la problématique du maintien de ce niveau d’engagement sur le long terme se pose, en particulier si les activités à distance se poursuivent. La construction d’un vrai collectif avec un mode de travail à distance pose question sur le long terme.

Une mise en perspective par Lionel Garreau, directeur de recherche en stratégie et organisation à l’université Paris Dauphine – PSL.

Nous vivons une situation exceptionnelle qui bouleverse le rapport des collaborateurs aux entreprises.
D’une part, les entreprises ont besoin d’un niveau d’engagement élevé pour surmonter la crise actuelle. Elles attendent de leurs collaborateurs des efforts supplémentaires, d’aller au-delà du niveau d’effort habituel, afin de permettra aux entreprises de survivre dans un premier temps et de s’adapter aux nouvelles conditions d’exercice. On retrouve ces attentes dans les médias où on trouve une injonction à se mobiliser, à s’engager pour sauver ce qu’il reste à sauver de l’activité économique.

D’autre part, on observe un recentrage des collaborateurs sur « ce qui compte », et ainsi souvent un arbitrage plus clair qu’auparavant en faveur de la qualité de vie, de la vie de famille, etc. Le confinement a parfois révélé certaines positions de la part des employeurs, des refus de télétravail, du présentéisme, une non-adaptation aux contraintes personnelles, etc. Certains acteurs ont ressenti une pression jugée inutile en ces temps de crise, et a modifié le rapport à leur employeur.
Ces deux mouvements, demande d’un engagement supplémentaire vs. recentrage sur les éléments essentiels crée une tension à résoudre tant au niveau des organisations que des collaborateurs eux-mêmes.

Par ailleurs, la crise est l’occasion, comme toujours d’un renouveau. Cette notion de renouveau est même inhérente au concept de crise dans certaines cultures comme la culture chinoise par exemple. Ici, grâce à cette crise majeure, ce sont des opportunités de transformation profondes qui se présentent :
• On observe le passage d’une situation de crise sanitaire à la construction, la formalisation, d’attentes vers des entreprises qui proposent de plus en plus de solutions en lien avec le développement durable et la RSE ;
• Cette situation doit permettre aux entreprises d’amorcer un mouvement stratégique qui répond à ces attentes ;
• Ces mouvements stratégiques pourraient être un vrai vecteur d’engagement car il s’agit d’un moyen de repenser la mission, le ‘strategic purpose’ de l’entreprise. Cela donne un cadre attractif pour une nouvelle construction de sens, qui valorise l’entreprise et les acteurs qui y participent.

*Notons que faire confiance consiste à de mettre ne position d’incertitude par rapport à autrui. Sans incertitude, il n’est pas nécessaire de faire confiance. Il faut donc incertitude pour que la confiance soit nécessaire et la confiance est le fait d’accepter l’incertitude du comportement d’autrui.
2022-02-21T11:03:05+00:00novembre 9th, 2020|
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